Récits 

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musicienne joue du saxophone

L'abbaye, un instrument à part entière

Accoustique

J’ai toujours eu envie de découvrir comment mon bagage musical, composé d’œuvres classiques, de standards de jazz, et de musiques du monde pouvait s’épanouir dans une église. Lorsque l’opportunité de jouer à l’abbaye de Silvacane m’a été donnée, j’ai été ravie car une chance m’était offerte d’exprimer ma créativité. Depuis des années, je désirais tester le son du saxophone dans ce lieu inhabituel pour un tel instrument.

La première fois dans ces lieux, j’ai pris mon saxo, et j’ai expérimenté l’acoustique de chaque pièce. J’étais toute seule dans ce lieu magique chargé d’histoire, et très émue de tout le passé que me renvoyaient les pierres. j’étais très étonnée que l’acoustique soit si différente d’une pièce à l’autre, et je m’amusais à me mettre dans chaque recoin de l’édifice pour y trouver des sonorités qui jusqu’alors m’étaient inconnues.

C’est à ce momentlà que j’ai pris conscience que ce monument devenait un instrument à part entière, car on ne pouvait pas jouer dans une pièce comme on le faisait dans une autre. Certaines d’entre elles supportaient des notes rapides, sans qu’elles s’entremêlent, formant un brouhaha inaudible; et d’autres ne pouvaient faire vibrer que des notes longues et assez espacées. Le cloître, quant à lui, permettait une définition parfaite de chaque note, tout en les rendant encore plus éclatantes, mais la magie opérait complètement dans le réfectoire, où le saxophone et l’édifice étaient en parfaite harmonie. Le son était magnifié, devenait clair et puissant et la bâtisse semblait prendre vie. La salle s’emplissait de résonances plus belles les unes que les autres, créant ainsi une immersion totale dans la musique. Je pouvais façonner grâce à mon souffle une palette infinie de nuances, une matière sonore presque palpable, inspirées par l’histoire tumultueuse de l’abbaye, à la fois violente, païenne et spirituelle.

Yemalya

D'où vient le plaisir que l'on éprouve à écouter de la musique ou des chants dans une majestueuse cathédrale ou dans une modeste chapelle ? Est ce le caractère solennel de l'endroit qui semble donner aux sons une qualité, une ampleur exceptionnelle... Est ce le résultat d'une alchimie particulière ou un secret propre aux ouvrages d'architecture ancienne ? Sommes-nous tellement impressionnés que nous exagérions nos sensations ?
Le fait est qu'une large majorité d'auditeurs éprouve une réelle satisfaction en la circonstance et n'hésite pas à renouveler l'expérience quand l'occasion se présente...
Pourtant si l'on en croit les spécialistes "acousticiens", les choses ne vont pas de soi. Une approche rationnelle de la situation ne tarde pas à en révéler l'extrême complexité. Les paramètres à analyser pour tenter de comprendre ce qui se passe sont à la fois nombreux et délicats à cerner. Ajoutons à cela que le plaisir de l'écoute est une donnée hautement subjective et rend l'évaluation sujette à débats.
En effet que perçoit l'auditeur ? Un "mélange" d'ondes provenant d'une part en ligne directe de la source sonore (instrument, chant) et d'autre part des ondes réfléchies sur les parois (sols, murs, voûte) du lieu d'écoute. Voilà comment va naître le son accueilli par l''oreille et apprécié par les petites cellules du cerveau.
En supposant que l'espace intérieur dans lequel se déroule l'évènement (concert d'orgue, chant choral par exemple) soit correctement isolé de l'extérieur. C'est à dire que les sons émis à l'extérieur ne parviennent pas à l'intérieur et que rien ne perturbe l'écoute.
L'acoustique consiste alors en l'étude des circulations du son dans l'espace considéré. Les distances parcourues par les ondes sonores directes ou réfléchies, les différences en fonction des matériaux (pierre, béton, bois, tentures), les particularités des sources sonores (orgue, violoncelle, voix)... A quoi il convient d'ajouter (c'était trop simple...) des phénomènes d'absorption par les obstacles (mobilier) ou déformation des sons par diffusion.
La résultante est une véritable identité acoustique propre à tel ou tel bâtiment. Voilà ce qu'est le mélange d'ondes particulier lié à la taille de l'édifice, aux caractéristiques des pierres de construction, à la disposition précise des lieux qui va être perçu par l'auditeur. Identité acoustique que l'on commence à pouvoir reproduire en laboratoire aujourd'hui. En ce moment les meilleurs experts acousticiens espèrent parvenir à ressusciter l'identité acoustique de Notre Dame de Paris en vue de la restauration.
De nos jours, l'acoustique est un paramètre essentiel de la conception des projets architecturaux. L'objectif est d'offrir la qualité optimale de son pour chaque type d'édifice : salles de spectacles (opéra, cinéma, théâtre ... ), mais aussi lieux publics, salles de sport, les halls de gare ou d'aéroport, etc. Les structures architecturales et les ajouts de matériels sonores hauts parleurs tout doit concourir à un meilleur confort d'écoute qu'il s'agisse d'œuvre musicale, ou d'annonces des tinées à des voyageurs par exemple.
Paradoxalement cette préoccupation n'entrait pas en ligne de compte à l'époque des cathédrales et c'est souvent à postériori que les bâtisseurs cherchaient à améliorer les caractéristiques acoustiques de leurs créations. On étudie par exemple l'ajout de "résonnateurs" ou "vases acoustiques" installés dans les églises médiévales qui auraient pour fonction d'améliorer l'acoustique pour la voix humaine. Les études récentes semblent confirmer cette hypothèse qui fait écho à des observations effectuées dans les théâtres grecs où les "échéa vases d'airain destinés à faciliter la transmission de la voix des acteurs. Pourtant cela reste une hypothèse.
On notera aussi que selon les sources sonores l'optimisation acoustique fait apparaître des contradictions. L'orgue nécessite des temps de réverbération longs pour donner le meilleur ce qui est obtenu dans des édifices de taille importante construit avec des pierres de haute dureté. A contrario l'intelligibilité de la voix humaine exige un temps de réverbération faible...
Vue du point de vue scientifique et technique l'acoustique est un outil qui permet de prévoir les caractéristiques sonores dans la mise en œuvre de projets architecturaux. C'est un ensemble de connaissances théoriques où les maths et la physique sont reines. La complexité des problèmes posés en fait le domaine de professionnels spécialisés.
Du point de vue de l'auditeur les choix et le plaisir sont le résultat d'un croisement subjectif et émotionnel. Ce qui n'est pas simple non plus et nous renvoie à l'équation individuelle.

Philippe Duhayon

... Petites et grandes histoires du jazz ...

La célèbre chanson "On the sunny side of the street"((Le côté ensoleillé de la rue) , raconte la ségrégation raciale envers le peuple noir aux Etats Unis dans la période 1876 à 1965. Une série de lois imposèrent une traitement différent entre blancs et noirs dans tous les lieux et services publics. Par exemple, les noirs n'avaient pas le droit de marcher à l'ombre pour ne pas se mélanger avec les blancs. On retrouve cette ségrégation dans les transports en commun...

« L'’émancipation des femmes »

En 1927, un câble radio permit de diffuser d’une côte à l’autre le programme du « Coton Club » (célèbre club de jazz). Sony Greer, la batteur d’Ellington, raconte : « Il y a eu de nombreuses scènes de ménage à ce sujet, parce que les femmes refusaient de préparer le dîner avant la fin de l’émission ».

Louis Armstrong

Il est né le 4 juillet 1900, dans Back O’ Town, le quartier populeux de la Nouvelle-Orléans. Son enfance s’est passée dans les rues à écouter de la musique, encore de la musique, toujours de la musique. Il suivait les parades, les contests et les enterrements. Vu son jeune âge, il ne pouvait se rendre dans certains quartiers mal famés où jouaient cependant les célébrités de l’époque. Alors, Louis changeait ses culottes courtes contre un pantalon long dérobé à son beau-père et courait écouter Buddy Bolden, Freddie Keppards ou Bunk Johnson.

A quatorze ans, à la suite d’un malencontreux coup de revolver tiré en l’air pour fêter le nouvel an, il se retrouve en maison de redressement, le Waif’s Home. Paradoxalement ce fut un jour de chance pour le jeune Louis. L’établissement possédait son propre orchestre. Louis en fit partie, après avoir pris quelques leçons de cornet à piston.
Rendu à la liberté, il fit mille métiers . A la nuit tombée il se précipitait dans les cabarets pour jouer de la trompette. Ses dons exceptionnels lui ouvrirent les portes des orchestres les plus réputés ; et quand plus tard King Oliver eut besoin d’un second trompette, à Chicago, c’est à Louis qu’il fit appel.
1924, New York, Harlem, Louis entre dans l’orchestre de Fletcher Henderson. Il était alors le héros du jour. Tout le monde était fou de lui. Les jeunes essayaient de marcher, de parler, de manger comme lui. Louis tenait toujours un mouchoir à la main ; les mouchoirs fleurirent dans Harlem. Louis était toujours très bien habillé ; les plus dépenaillés du coin firent des efforts de costume.

Citations

«La fantastique musique que l’on entend à la radio de nos jours, on l’entendait il y a bien longtemps dans les vieilles églises ou les sœurs criaient jusqu’à ce que leurs jupons tombent»

Louis Armstrong

“Un bon musicien peut jouer à la Nouvelle-Orléans, à Chicago ou à New York, il peut jouer à Londres, à Tunis, à Paris ou en Allemagne. Cette musique, je l’ai entendue dans toutes ces villes et bien d’autres encore.
Mais partout, il faut l’imaginer venue de loin dans le passé : C’est le tambour qu’on bat à Congo Square et le chant des plantations s’élevant au-dessus des arbres. Le bon musicien porte ce chant en lui ; il tente de le prolonger. Et quoiqu’il joue, c’est toujours la même musique celle qui a pris naissance dans le Sud »

Sidney Bechet

Histoire du jazz

L'origine du mot "Jazz" est incertaine.

Peut être d’origine africaine, ce mot viendrait soit de "jasi" qui signifie « vivre à toute allure », soit de jaiza (« son lointain des percussions »). Mais il pourrait aussi s'agir du nom d’un esclave, "Jas", qui vivait vers 1820 dans une plantation du sud des États Unis . Autre hypothèse, ce serait un dérivé de "Jasbo", surnom que l’on donnait à des musiciens de La Nouvelle Orléans, berceau de ce courant musical. Des observateurs de plus en plus nombreux au XIX siècle, ont fait état de pratiques vocales accompagnant les travaux des esclaves. Disséminés dans les champs, ceux ci communiquaient par des appels entre le récit et le chant dont on trouve encore aujourd’hui des équivalents dans les campagnes américaines ou sur les marchés à la Criée des états du Sud. Ces « Field hollers » (cris des champs) ont laissé une forte impression sur tous les témoins de l’époque par leur scansion très marquée, leurs glissements mélodiques, les passages rapides de voix de poitrine à voix de tête, et ce grain très particulier des voix africaines.

Le rythme, qui tient une place si importante dans les cultures d’Afrique, put s’épanouir dans les chants de travail ou « work songs » qui scandaient les travaux collectifs.

Bénéfiques au rendement et nécessaires au moral, ils furent encouragés par les propriétaires et, après l’abolition de l’esclavage, on les pratiqua jusqu’à nos jours sur les chantiers du bâtiment, de l’exploitation minière, du chemin de fer ou dans les pénitentiers.

D’où vient le skat ?

Au cours d’une de ses séances d’enregistrement, Louis Armstrong qui devait chanter fit tomber sa partition. A cette époque, on gravait directement sur la cire et il n’était pas question d’arrêter de reprendre le morceau. Sans se démonter, il se mit à improviser des onomatopées. Il venait d’inventer le skat !